Comme tant d’autres avant lui, Gérard Depardieu quitte la France pour aller s’installer en Belgique, là où les lois fiscales sont plus protectrices…
Ce n’est donc ni le premier ni le dernier à agir de la sorte, et nombreux sont les riches qui se laissent tenter par l’évasion fiscale, ou pour être plus poli « l’optimisation fiscale ». Rien de bien nouveau sous le soleil en définitive.
Je ne sais si c’est parce que le moment est « mal choisi » ou si c’est parce qu’il est estampillé « de gauche » (ce qui date quand même un peu), mais traiter Gérard Depardieu de « minable » parce qu’il agit ainsi (comme les autres donc) n’a pas de sens : si les lois l’y autorisent, comment espérer que l’optimisation fiscale ne soit pas préférée à un « patriotisme » qui n’a aucune raison d’être privilégié par rapport aux règles « supra-nationales » qui instaurent que l’intérêt individuel prime sur toutes les autres considérations ?
Ce qui aurait été minable, c’est justement qu’un individu riche ne profite pas des possibilités offertes par un Etat complice pour lui permettre de conserver « le plus possible » de son argent, selon les règles établies et acceptées par ceux-là même qui critiquent aujourd’hui des comportements qu’ils ont eux-mêmes légalisé (et dont ils profitent parfois) : la maximisation du profit.
Car il ne faut pas oublier une chose : nous vivons à l’intérieur du cadre capitalisme, et ce sont donc les règles capitalistes qui s’appliquent : payer ses impôts en France alors qu’on a les moyens de n’en pas payer du tout (ou moins), c ‘est presque une faute de gestion. C’est perdre de l’argent « bêtement », et mettre de la morale là où rien ne l’exige.
Alors que tous les économistes du monde s’échinent depuis des décennies à nous expliquer que la somme des intérêts individuels contribue à la satisfaction de l’intérêt général (la fameuse « main invisible »), on voudrait aujourd’hui nous faire croire que le « patriotisme » doit l’emporter sur la rationalisation de l’individu ?
Mais c’est le patriotisme qui va à l’encontre du système, pas le comportement des exilés fiscaux, qui sont eux tout-à-fait rationnels ! Comment reprocher à un homme de ne penser qu’à lui, alors même que c’est le premier principe du système que le monde entier défend absolument ?
A travers cet exemple symbolique mais néanmoins banal, c’est la contradiction inhérente au capitalisme qui se trouve ainsi mise en lumière : la rationalité c’est l’égoïsme, l’individualisme, tandis que c’est la solidarité qui est du point de vue capitaliste totalement irrationnelle. Et en même temps que nous acceptons ce principe théorique, nous faisons constamment référence au devoir de solidarité (des autres) pour lutter contre l’égoïsme que nous méjugeons d’un point de vue moral.
Il serait temps que nos hommes politiques (et nous avec) cessent leur hypocrisie : le capitalisme fonctionne selon des règles qui sont instituées internationalement d’abord, nationalement ensuite, et seuls les gouvernements ont le pouvoir de changer ces règles (et nous celui de changer nos gouvernants). L’optimisation n’étant pas illégale, les gouvernants n’ont qu’à faire voter de nouvelles lois pour la rendre illégale. Changeons nos gouvernants pour qu’ils modifient les lois, supprimons les paradis fiscaux ou rendons-les inaccessibles, et le problème sera réglé…
Il serait temps aussi que nous comprenions que ce ne sont pas les hommes qui sont à blâmer mais le système qui les conduit à cette schizophrénie entre leur propre morale et les contraintes établies par le système de « maximisation du profit ». Car comment savoir à partir de quand cessons-nous d’être égoïstes pour devenir irrationnels… au point de devenir altruiste ? Tout dépend le point de vue qu’on adopte, moral ou capitaliste !
C’est donc aux hommes politiques de faire cesser cette schizophrénie, car ce sont eux qui ont le pouvoir de faire la Loi ; et qu’ils n’aillent pas ensuite critiquer ceux qui la suivent…
Et pour nous, qui sommes si prompts à dénoncer l’égoïsme des autres, n’oublions jamais de nous poser cette question : « et moi, si j’étais à sa place, qu’est-ce que je ferais ? »
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
21 décembre 2012 à 14:34
Dommage qu’aucun média n’ai fait la même – très bonne – analyse que vous !
Bien au contraire ils ont encore démontré leur parfaite « crasse » en participant à cette pitoyable comédie, à cette vindict populaire.
Et si j’étais à la place de Depardieu, je ferai pareil…… sans aucun hésitation. Brigitte.
22 décembre 2012 à 8:03
Moi aussi. si demain je gagnais au loto, je ne resterai pas ici!
Pour quoi faire ? Rembourser la dette aux banquiers ????? C’est niet!
Je reviendrai quand Mélenchon aura été élu!!!!! Là oui, participer à la redistribution des richesses et au redressement de la nation via le pacte écologique, là j’aurai l’impression d’être utile!
En attendant… Bye bye la France!
22 décembre 2012 à 23:26
L’Europe a les coefficients de Gini (indice d’inégalité de richesses) les plus bas du monde et les taux de prélèvements obligatoires (impôts et équivalents) les plus élevés du monde et le Nord den l’Europe se porte plutôt bien et le Sud de l’Europe plutôt mal.
La France a réduit son coefficient de Gini de façon spectaculaire depuis soixante ans, et nulle part ailleurs ne parle-t-on autant d’inégalités de richesses.
Les pays qui ont les coefficient de Gini les plus élevés et les taux de prélèvement obligatoires les plus bas (Brésil, Chine, USA) ont des taux de croissance que nous ne pouvons plus espérer en Europe.
La solidarité rimerait-elle avec décroissance, et la loi du plus fort avec croissance ?
Les politiciens devraient tout changer et ne font que ce l’opinion publique majoritaire leur dicte.
Tout est pensée double !
28 décembre 2012 à 6:58
Un peu de découragement donne un peu de cynisme –
Une sorte d ‘ humour noir –
Bah ! ça permet de décompresser un peu –
Pourtant nous n ‘ en resterons pas là –
L ‘ impermanence des êtres nous rattrape et il nous faut avaler encore des couleuvres – et nous restons toujours étonnés de savoir encore les recracher –
Peu à peu nous apprenons à voir la multi-causalité et à voir mieux nos vrais désirs –
A mieux voir , à mieux nommer –
Nommer les riches , riches ; l ‘ argent , argent ; la vie , vie ; l ‘ amour , amour –
Quand à la fin de ma vie je regarderai encore le soleil se lever sur ma plage , je serai plein de gratitude d ‘ avoir eu cette chance de n ‘ avoir rien eu , mais d ‘ avoir tout eu –
de n ‘ avoir pas vendu mon âme au diable et à l ‘ argent ; n ‘ attendant ni Mélenchon , ni personne , mais continuant de travailler avec mes amis , tant désireux que « ça » arrive ,
m ‘ émerveillant aussi , tout au long , de cette si belle vie !!
3 janvier 2013 à 8:37
Le terme de capitalisme est avancé un peu partout dès qu’il s’agit de dénoncer des comportements économiques dérangeants. C’est du verbalisme : ce phénomène est une conséquence et non une cause. Il résulte de l’existence conjointe du droit de propriété, du libéralisme, de la démocratie, de l’ingéniosité et de la monnaie. A l’expérience démocratie et libéralisme sont les deux régimes les plus déplorables, mais après tous les autres. La monnaie est un outil d’échange indispensable. Le droit de propriété, c’est le vol mais c’est aussi la liberté (Proudhon). L’ingéniosité est l’outil majeur de l’homo sapiens dans sa concurrence vitale darwinienne. Pour amender le comportement humain, il faut passer au niveau conceptuel de degré supérieur, la métaphysique.