La crise est économique ? Que les économistes se mettent au travail !

12 novembre 2012

Non classé

Dans un billet intitulé « Des réformes à mettre en oeuvre immédiatement », Paul Jorion répond directement à la question de la « moralisation » du capitalisme et prend le risque de passer de l’analyse critique à la proposition constructive.

On ne peut que saluer cette initiative et applaudir des deux mains à ce qui pourrait être le début d’un vaste chantier : partir des différentes réformes proposées par l’auteur de ce texte pour engager un grand débat sur la faisabilité, les conséquences et les implications de chacune de ces propositions dans le monde réel globalisé.

Que se passerait-il si on augmentait les « petits » salaires en réduisant les dividendes des actionnaires, ou si on interdisait la spéculation ? Et si on supprimait les paradis fiscaux ? Ou qu’on légiférait pour interdire le financement des campagnes par des trusts, qu’on redéfinissait le statut juridique des actionnaires, qu’on modifiait les règles de fonctionnement de la bourse ? Et si on empêchait l’optimisation fiscale, qu’on supprimait les stock-options ou repensait la solidarité, ou le travail ?

Je sais que monsieur Berruyer cherche lui-aussi à lancer une réflexion sur ces sujets, que les déconomistes ou les économistes atterrés cherchent eux-aussi des solutions, et bien d’autres avec eux, mais pour ainsi dire « chacun dans son coin ». Et bien pourquoi ne pas allier ces forces pour tenter d’extrapoler les conséquences de la mise en place de telles réformes, comment elles pourraient être mises en oeuvre, ce que cela implique comme changements politiques ou idéologiques, qui en seraient bénéficiaires et qui en seraient victimes ? Voilà ce que les citoyens aimeraient entendre et comprendre, et voilà qui les changerait de leur dose quotidienne de désespérance… 

Il serait temps que toute cette « communauté » fasse preuve de réactivité, en se saisissant de ce genre d’initiatives pour aller un peu plus loin que les simples exposés non-contradictoires qui nous sont habituellement servis. Que les uns tentent de démonter les arguments de monsieur Jorion par d’autres plus convaincants, que les autres les défendent par d’autres arguments plus pertinents encore, et que le véritable débat portant non pas sur les constatations mais sur les solutions commence enfin. Nous n’avons plus besoin de savoir « pourquoi » nous sommes en crise mais de savoir « pour quoi » nous devons nous battre.

Il faut que le débat des idées soit de nouveau porté sur la place publique, pour que chacun puisse se positionner « en conscience » sur ces sujets qui nous concernent directement. Vous êtes des milliers à suivre de près ou de loin ce qui se destine à devenir une sorte de mouvement contestataire et constructif par la magie du réseau internet, et vous avez le pouvoir de porter ce genre de débat là où il vous plaira : diffusez les propositions de monsieur Jorion, discutez-les, réfléchissez-les, et proposez-les à la réflexion de ceux qui vous paraissent en capacité de les contredire. Contactez les hommes que vous estimez et mettez-les au défi de vous prouver que le capitalisme peut être moins injuste, créez-leur un lieu pour qu’ils se rencontrent et qu’ils échangent, harcelez-les jusqu’à ce qu’ils vous prouvent ce qu’ils avancent, obligez-les à nous trouver des solutions ! 

La crise est économique ? Que les économistes se mettent au travail…

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

10 Réponses à “La crise est économique ? Que les économistes se mettent au travail !”

  1. Stan Dit :

    c’est pourtant simple:

    Revenu de base pour tous sans conditions : http://revenudebase.info/
    Assemblée constituante tirée au sort : http://www.le-message.org/
    Réformes monétaires : http://www.positivemoney.org.uk/

    Les trois ensemble, et on est aux portes d’Utopia !

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  2. Stan Dit :

    Allez, un petit bonus aussi : http://www.audit-citoyen.org/

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  3. Changaco Dit :

    Pour expliciter les commentaires de Stan: on connait déjà les solutions depuis longtemps.

    Le système monétaire et financier n’a pas fondamentalement changé depuis longtemps et donc les analyses de la Grande Dépression s’appliquent très bien à la crise d’aujourd’hui. La suppression du système de réserves fractionnaires proposée en 1935 par Irving Fisher permettrait de se débarrasser des crises cycliques de la dette. Elle commence d’ailleurs à être prise au sérieux par certains économistes du FMI.

    Les conséquences néfastes de la mauvaise circulation de la monnaie sont elles connues depuis encore plus longtemps puisque Thomas Paine proposait déjà un revenu de base en 1795.

    Enfin, la compréhension que l’élection n’est pas une procédure démocratique obtient le record de vieillesse puisqu’elle date de la Grèce Antique, c’est à dire plusieurs siècles avant JC.

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  4. monde indien Dit :

    Merci Caleb pour ce texte -
    Et comme ce que tu demandes pour les économistes , chacun devrait en faire autant dans son domaine – politique – culture – bosser ensemble , FAIRE cette démocratie du partage . . .

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  5. Agequodagix Dit :

    Il est à craindre que les solutions réellement appliquées ne soient que cosmétiques. S’il y a moyen de réduire un peu les inégalités sous le niveau qui provoque des manifestations de masses, avec un petit peu de croissance, un petit peu moins de dettes, un petit peu moins de spéculation, un petit peu plus de transparence, quelques institutions un petit peu plus démocratiques, de toutes petites hausses de salaires, quelques mesures bien visibles et bien difficiles à appliquer, pour taxer les riches, contre les abus et les paradis fiscaux, contre les prix de transferts trop artificiels, contre les stock options, quelques règles de financement des partis, un petit ralentissement du high speed trading, et tout sera comme avant jusqu’à la prochaine crise ! «Ils» sont malins, organisés, influents, et ont intérêt à ce que rien ne change vraiment. Nous sommes moins malins, peu organisés, peu influents si nous ne parlons pas d’une même voix, et nous avons tous au moins un petit droit de vote, un petit salaire, une petite chose en propriété privée, une petite pension, une petite allocation, dont nous dépendons pour vivre, même mal, et qui pourrait disparaître totalement en cas de trop grand chambardement.

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    • Agequodagix Dit :

      Autrement dit, tant que le grand chambardement ne viendra pas de l’extérieur, guerre ou catastrophe naturelle, ou de l’éclatement du système sous ses propres contradictions, souvent espéré, rarement réalisé avec succès, tant que ceux qui ont le pouvoir de faire des grands chambardements n’y auront pas intérêt, tant que ceux qui y auraient intérêt risqueront d’y perdre le peu qu’ils ont, il n’y aura sans doute pas de grand chambardement.

      Mais rien n’empêche des hommes de bonne volonté de se réunir en constituante pour décider de nouveaux modes de vies qu’ils s’engagent à suivre entre eux. Des sortes de microsociétés, parallèles et expérimentales, comme des ordres religieux, des sectes, des tribus, des familles patriarcales ou matriarcales, des ghettos, des mafias, des china-towns ou autres new-villes ou villages, des quartiers autonomes…

      Des ces expériences naitra peut-être un mode de vie exemplaire qui fera tache d’huile.

      Mais espérer rassembler une majorité silencieuse autour d’un projet de société radical et expérimental commun, qui n’a pas fait ses preuves à petite échelle, et qui présente des risques importants de tout perdre en voulant peu gagner, peut sembler utopique…

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      • Brigitte Dit :

        Cela existe, des groupes essaient de vivre en communauté à la campagne, dans le partage, l’aide, le soutien. Mais certains sont attaqués, jugés et sommés de vivre dans la norme. Visitez le site YURTAO.

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        • Agequodagix Dit :

          Changer le monde ne se fera pas du premier coup et sans batailles juridiques. Le droit de vivre écologiquement dans une yourte n’est ni gagné, ni perdu d’avance. Il mériterait d’être un droit fondamental, celui de vivre comme nos lointains ancêtres, en accord avec la nature Avec un avocat plus sympathique que celui du maire, quelques manifestations et une règlementation qui évolue, il y a de l’espoir !

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  6. Lindsey Strong Dit :

    Ainsi, dire « ce n’est pas grave s’il n’a rien à boire pendant 2 jours, ce n’est qu’un animal » sans expliquer pourquoi le fait d’être un animal rend le fait de crever de soif moins pénible, c’est comme dire « c’est normal qu’elle n’ait pas le droit de voter, ce n’est qu’une femme » sans justifier le rapport entre le fait d’être femme et le fait que son opinion compte ou pas dans la société.

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  7. calebirri Dit :

    @ Lindsey Strong

    A qui s’adresse votre commentaire ?

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