L’épouvantail capitaliste de la surpopulation

« De toutes les façons, il n’y aura pas assez pour tout le monde… » Voilà ce qu’on entend de plus en plus souvent pour exprimer le futur de notre humanité. Face aux dangers que représente la « surpopulation », la finitude de la Terre et de ses ressources est l’argument ultime pour justifier l’injustifiable. Car derrière ces mots se cache une réalité indicible : « si des gens meurent de faim, c’est normal (les plus prudents rectifieront par logique) »… puisque les ressources ne sont pas infinies, et l’espace disponible non plus!

La population augmentant à un rythme qui s’accélère, nous en sommes réduits à imaginer le pire pour continuer à justifier un système qui utilise des arguments fallacieux plutôt que de le remettre en cause… et surtout à accepter l’inacceptable ; car s’il n’y en a pas pour tout le monde qui fait, et comment fait-on la sélection ? Par la guerre ? Par la famine ? Par l’argent ? Par la surveillance et le contrôle ?

Je m’inscris en faux avec cette vision, et je la réfute catégoriquement. Ce ne sont ni les ressources qui manquent ni la nature qui crée la rareté mais le système capitaliste. Fondé sur le principe que le rare est cher, ce système, que l’on cherche pourtant à sauver à tout prix, est le seul et unique responsable de la surexploitation des ressources, de la pollution des airs, des mers et des sols, du réchauffement climatique et de tous les autres maux qui nous accablent. Il n’y a pas d’écologie possible avec le capitalisme, et c’est pure propagande que de vouloir nous faire croire à l’inéluctabilité de la famine et de la guerre pour nous faire accepter des sacrifices inutiles. Et tant pis pour Malthus, qui était un imposteur : j’en veux pour preuve les 1,5 milliards d’êtres humains qui ne mangent pas à leur faim, aujourd’hui en 2012, alors que les ressources disponibles sont encore bien suffisantes.

Car en réalité le problème ne vient pas de la finitude de la Terre mais bien de l’étroitesse de notre esprit. Et ce n’est qu’en dépassant nos propres limites intellectuelles et imaginatives que nous pourrons ouvrir de plus larges perspectives à notre civilisation : le soleil, le vent, et même l’eau (quoi qu’on en dise il y en a toujours autant- c’est le cycle immuable de la nature- c’est juste qu’elle coûte plus cher à traiter et à distribuer) sont des ressources énergétiques sinon inépuisables, au moins disponibles pour encore quelques milliards d’années. Et puis l’espace ne manque pas non plus : si nous regardons la Terre dans ses trois dimensions il y a la surface des Océans, sous la terre et dans les océans, dans le ciel et dans l’espace ; nous augmentons ainsi nos possibilités de développement de manière incalculable… Et puis si la Terre est finie, l’Univers lui ne l’est pas : le nombre des exoplanètes que nous découvrons augmente chaque jour, et la distance qui nous sépare d’elles se rétrécie en même temps.

Que de perspectives s’ouvrent alors à notre esprit si l’on regarde les choses autrement ! Comme nous pourrions nous passer des OGM à semences non-reproductives qui rendent la famine « rentable », comme nous pourrions éviter les pollutions dues à des énergies fossiles en développant ces autres énergies inépuisables mais non rentables qui nous sont offertes par la Nature, comme il serait moins difficile en définitive de construire une société non fondée sur les ressources mais sur les besoins, non fondée sur la rentabilité mais sur l’utilité… plutôt que de sans cesse vouloir sauver un système qui nous conduit à notre propre perte !

En se détachant de notre conditionnement, nous pouvons élargir nos perspectives jusqu’à rendre possible l’impensable, l’inimaginable : nourrir enfin correctement tous les habitants présents et futurs de notre planète, et ce pendant un bon moment encore.

En établissant un nouveau système non plus basé sur la rentabilité et l’intérêt individuel mais sur le partage et l’utile nous pourrions nous détacher de l’obsolescence programmée, de la surproduction et de la surconsommation. Nous pourrions développer enfin les technologies qui nous permettraient d’entrevoir l’augmentation démographique non plus comme une catastrophe mais comme une chance, celle d’offrir à nos enfants un avenir détaché des contraintes qui nous oppressent aujourd’hui, avec leurs corollaires habituels que sont famines, guerres, surveillance et contrôle sans cesse accrus des corps et des esprits.

En établissant un nouveau système non plus basé sur le travail comme objectif ultime de réalisation personnelle mais comme un simple moyen de satisfaire nos désirs nous pourrions alors sortir de la concurrence acharnée qui nous maintient depuis trop longtemps dans notre animalité, pour ne plus perdre sa vie à la gagner. Car nous ne sommes pas que des animaux, et nous seuls avons la capacité de n’être pas uniquement soumis ni à la raison ni à notre instinct. Nous sommes « incalculables« , et capables de tout. Nous avons conscience du temps et donc de nos descendants, car nous avons l’amour et la passion.

En établissant un nouveau système non plus basé sur les ressources mais sur les besoins à satisfaire, nous aurions suffisamment de travail pour réaliser tous les défis (techniques, technologiques, philosophiques) qui nous attendent si nous voulons être en capacité d’accueillir tous les « suivants » dans de bonnes conditions, et continuer cette formidable aventure qu’est l’humanité. Imaginez donc que l’homme disparaisse : la Terre sera toujours là, l’Univers aussi. Mais qui saura qu’ils existent, et que nous avons existé ?

En réalité tout ne dépend que de nous, et de la société que nous désirons construire ; et ce n’est qu’en détruisant la société capitaliste que nous pourrons échapper à l’apocalypse auquel ses partisans veulent nous conduire.

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

18 Réponses à “L’épouvantail capitaliste de la surpopulation”

  1. René Varenge Dit :

    A vous lire on peu croitre à l’infini, je suis curieux de savoir ce que vous ferez des autres espèces animales qui partagent la planète avec nous ?
    Mais ouvrez les yeux, regardez un peu autour de vous, regardez l’état de la planète, regardez ce qui reste des autres espèces animales, regardez la place qui leur reste pour vivre, place que nous grignotons de jour en jour au fur et à mesure que notre nombre augmente.

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  2. monde indien Dit :

    ( @ rené varenge : arrête de flipper pour des conneries ! )

    Petite chanson
    D ‘ amour , d ‘ insouciance , de douceur
    Et de passion
    En forme de cri de révolte –
    ( en attendant de prendre les couteaux )
    Alors peut-être
    Peut-on se poser la question
    De l ‘ alimentation
    De TOUS –
    Si on se la pose ,
    C ‘ est plutôt bon signe –
    Si on se la pose
    C ‘ est qu ‘ on a déjà envie
    Que chacun ait à manger ,
    Qu ‘ on a déjà un peu envie de partager –
    Alors ,
    Que nous ayons envie de partager
    Le manger
    Ou que nous ayons envie de
    Partager la restriction ,
    Finallement ,
    Peu importe ,
    Du moment que
    Nous partageons ,
    Tout est si simple ,
    Tout est si doux –
    Tout est si loin
    De ceux qui veulent notre mort
    Sans aucun remord –
    Quand on partage -
    Malheur à eux !
    Car notre amour aura raison
    De leur méchanceté immonde :
    Nous sortons les couteaux ! ! !
    Sans pitié pour les bêtes immondes ! ! !

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    • René Varenge Dit :

      Ma grand mère qui pourtant n’était ni démographe ni économiste, disait: « plus il y a de monde, autour d’un gâteau, et plus les parts sont petites, et il arrive un moment, ou elles sont tellement petites, que tout le monde meurt de faim! »…

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      • stepht Dit :

        C’est exactement ce que réfute le billet. Et ce n’est pas le maquillage de l’argent en gâteau qui change la justesse de l’observation: tant que notre « civilisation » reposera sur un système capitaliste qui ne fait qu’organiser la rareté pour son propre bénéfice exclusif, nous ne progresserons pas.

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      • calebirri Dit :

        à René Varenge

        Sauf que d’une part le gâteau capitaliste est volontairement trop petit pour contenter tout le monde, et d’une autre que certains se prennent pour 10% d’entre eux 80% du gâteau, et ne laissent aux autres que des miettes.

        Et puis sinon, pourquoi ne pas faire un gâteau supplémentaire puisque les ressources autour de nous sont encore abondantes ?

        Répondre

  3. Agequodagix Dit :

    « En établissant un nouveau système non plus basé sur la rentabilité et l’intérêt individuel mais sur le partage et l’utile, en établissant un nouveau système non plus basé sur le travail comme objectif ultime de réalisation personnelle mais comme un simple moyen de satisfaire nos désirs, en établissant un nouveau système non plus basé sur les ressources mais sur les besoins à satisfaire, et en détruisant la société capitaliste, nous pourrons échapper à l’apocalypse auquel ses partisans veulent nous conduire. »

    Est-ce que cela n’a pas été essayé plusieurs fois, tout cela, sans beaucoup de succès ? Comment convaincre une majorité de détruire l’existant pour un nouveau système basé sur des principes anciens qui n’ont pas fonctionné ?

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    • stepht Dit :

      Par exemple?
      Et quand bien même, dès lors qu’une ou plusieurs tentatives d’atteindre un objectif échoue(nt), cela signifierait-il que l’objectif n’est pas pertinent? « Ce sont les échecs les mieux surmontés qui donnent le droit de réussir » (Jean Mermoz): n’aurait-on pas de plus en plus de chance d’y arriver, aidés par nos progrès en sciences (sociales comme technologiques)? Pourquoi se cantonner à des principes anciens?
      Si l’on arrivait à rendre marginale la nécessité d’intervention humaine pour la réalisation des besoins fondamentaux (se loger, se nourrir), serait-il encore nécessaire que tout un chacun trime pendant 4 ou 5 décennies pour justifier un salaire? Nous manque-t-il tant d’éléments que cela?
      http://www.persee.fr/articleAsPDF/estat_0336-1454_1990_num_237_1_5499/article_estat_0336-1454_1990_num_237_1_5499.pdf
      Une heure de travail produit 25 fois plus en 1990 qu’en 1830. Et une fois et demi plus aujourd’hui (2% de croissance pendant 20 ans): autrement dit, ce qu’on produisait en 42 années-homme en 1990 ne demande plus que 28 années-homme en 2010. Combien de temps encore pour que l’on admette que cette quantité tend vers ZÉRO? J’ai dit « tend vers », je n’ai pas dit « vaudra », ce qui signifie qu’il restera toujours une certaine quantité de travail à effectuer. Mais cette quantité *diminue*.

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    • calebirri Dit :

      @ Agequodagix

      Non, cela n’a pas été essayé plusieurs fois, car justement le processus n’est jamais allé jusqu’au bout. Les excès du capitalisme sont inscrits dans les gènes de l’argent, qui est comme un virus qui n’a jamais cessé de muter et de se développer partout. Si on détruit le capitalisme, on détruit l’argent avec. Pas pour le remplacer par des bons d’achats ou des tickets de rationnement non, on le détruit. Sinon c’est qu’on n’a pas détruit le capitalisme.

      Après, tout serait absolument différent. Je ne sais absolument pas ce que cela donnerait en pratique, et personne ne le sait : c’est bien ça qui fait peur et qui empêche l’action, car en définitive détruire le capitalisme est très simple : il suffirait de faire comme dans fight-club (http://calebirri.unblog.fr/2010/03/26/fight-club-le-conditionnement-et-la-crise/) ou un bankrun mondial (http://calebirri.unblog.fr/2012/09/11/bankrun-du-21122012-serez-vous-present-pour-le-nouveau-monde/). Sauf qu’on ne sait pas ce qui viendrait après. Et c’est pour ça que je propose d’y réfléchir dès maintenant, ensemble.

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  4. Petitpois Dit :

    Détruire le capitalisme ?
    Mais sommes nous vraiment dans une société capitaliste ?

    Selon Michael Rivero de whatreallyhappened.com, assez doué dans la vulgarisation scientifique et politique, nous serions plutôt dans un modèle économique fasciste, tel que le définissait Mussolini.

    Capitalisme : Privatisation des profits et des pertes. Celui qui a investi dans une entreprise par des fonds ou par son travail en récolte les fruits, soumis bien entendu à l’impôt. Mais s’il perd de l’argent, c’est pour sa pomme. L’Etat ne viendra pas à son secours.

    Socialisme et communisme : Socialisation (ou mise en commun pour le communisme) des profits et des pertes d’une entreprise. Les profits sont répartis dans toute la société (ou la communauté), et il en va de même pour les pertes qui se retrouvent à la charge de la société.

    Fascisme : Privatisation des profits, mais socialisation des pertes. Une petite entreprise ne sera pas sauvée de la faillite par l’Etat, par contre les grandes banques le seront, aux frais du contribuable.

    Selon lui, on peut aussi définir le fascisme par la collusion entre l’Etat et les conglomérats industriels, bancaires, pharmaceutiques, etc, aux dépends des citoyens. On voit ça souvent en France, non ? Les vaccins contre la grippe porcine qui enrichissent Big Pharma, les autorisations pour les OGM qui enrichissent Monsanto aux dépends de la santé publique, les banques sauvées par l’Etat, c’est à dire le contribuable, etc…

    Alors, dans quel système sommes nous vraiment ?
    Capitaliste, socialiste, ou fasciste ?

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    • Agequodagix Dit :

      Fascisme : système politique totalitaire où les plus forts prennent le pouvoir pour les plus forts et ne le rendent pas.

      Communisme : système politique totalitaire où le peuple prend le pouvoir pour le peuple, et le donne à ses leaders qui ne le rendent pas.

      Démocratie : système politique où le plus fort est élu périodiquement.

      Capitalisme : système économique où le plus fort gagne.

      Libéralisme : système politico-économique qui favorise les plus forts au nom de la liberté.

      Socialisme : système politico-économique qui favorise la répartition des ressources au nom de la solidarité des forts vis-à-vis des faibles.

      Nous sommes dans un système politique démocratique et un système économique capitaliste, avec une alternance politico-économique entre libéralisme et socialisme.

      Répondre

    • calebirri Dit :

      @ Petitpois

      à vrai dire pour moi nous sommes à la jonction entre le capitalisme et le fascisme, nous basculons peu à peu de l’un vers l’autre, car même les apparences de la démocratie les dérange et les empêche : tous les 5 ans changer d’équipe, faire campagne, faire des promesses, n’être pas tout à fait d’accord entre eux, tout cela nuit au bon déroulement de l’exploitation des hommes.

      Le point positif est que tout n’est pas encore perdu, il s’agit de proposer une nouvelle idéologie (un vrai socialisme), pour faire basculer le capitalisme dans cette autre direction plutôt que celle vers laquelle il se dirige actuellement.

      Répondre

      • Agequodagix Dit :

        Entre « proposer une nouvelle idéologie (un vrai socialisme), pour faire basculer le capitalisme dans cette autre direction plutôt que celle vers laquelle il se dirige actuellement » et « si on détruit le capitalisme, on détruit l’argent avec » il y a une différence !

        Vous préférez « la voie révolutionnaire parce que même en instituant de nouvelles règles de fonctionnement « nationalement », même moins injustes, cela ne suffira pas. Il faudra bien envisager un jour le remplacement de ce système par un autre, et nous aurons besoin de sociétés déjà prêtes pour poser les bases d’une autre « civilisation ». Car si on montre que de bons politiques au pouvoir sont capables de lutter contre l’individualisme des financiers, alors le monde sera capable de remplacer l’intérêt particulier par l’intérêt général…. » »

        Mais « Remplacer l’intérêt particulier par l’intérêt général » est-ce réaliste ?

        Les insectes sociaux vivant en colonies (la plupart des abeilles, fourmis, et termites) ont remplacé l’intérêt particulier par l’intérêt général, après sans doute une longue évolution biologique. Mais la plupart des autres animaux sociaux, y compris nos lointains cousins primates, et nos semblables vivant en communautés dites primitives, pratiquent un subtil dosage entre intérêts particuliers et intérêt général.

        Ce subtil dosage est-il mieux réglé par des institutions ou des révolutions ?

        Répondre

  5. Zolko Dit :

    @ calebirri : pour votre info, les humains habitants les îles de Pâques ont abattu tous les arbres sur leur île (pour en faire je ne sais quoi), et après ça ils ont tous péri. Ils ont complètement détruit leur écosystème, provoquant leur propre perte. Et il n’y avait pas de « capitalisme occidental » chez eux. Et l’Homo Europeus peut parfaitement faire la même chose.

    Malheureusement, l’Homme est suffisamment con pour scier la branche sur laquelle il est assis, littéralement.

    On peut même dire que les optimistes tels que vous, qui dites que « meuh non, on va sûrement trouver quelque-chose » sont parmi les pires aveugles pour nous précipiter vers l’abime.

    Répondre

    • calebirri Dit :

      La thèse « officielle » est que les rondins servaient à transporter (entre autres) les statues du haut de la colline où elles étaient taillées pour les mettre ailleurs (enfin il y a quelques années je ne sais pas où en sont aujourd’hui les conclusions), mais je crois que les scientifiques avaient fini par apprendre qu’ils s’étaient plutôt entretués entre « bandes rivales ».

      Et nul ne sait ce qui se serait passé si les habitants de l’île de Pâques avaient construit des bateaux au lieu de transporter leurs statues…

      Je ne remets pas en cause la capacité de l’homme à être collectivement le « con » qui scie la branche sur laquelle il est assis, je conteste seulement l’inéluctabilité de cet acte

      Répondre

  6. René Varenge Dit :

    Je pose une question aux natalistes de service.
    Pourquoi voulez-vous que la population augmente jusqu’à la limite supportable de la planète ? ne pourrait-on pas commencer à stabiliser notre population aujourd’hui et non pas laisser ce choix aux générations futures lorsqu’elles seront au pied du mur dans un monde devenu invivable.

    Répondre

    • Martine Didier Dit :

      ILserait intéressant , que les 75% qui subissent cette loi d’airain du consumerisme stupide, se pénetre de cette haute conscience humanitaire que tu développe!

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