Comme prévu par les analystes de tous bords, l’abstention est, une fois de plus, la grande gagnante des élections (cantonales) du week-end dernier. Ce qui l’était moins en revanche, ce sont les scores du FN, ainsi que ceux du Parti de Gauche. Bien sûr, certains s’effraient déjà face à ces deux « outsiders », et d’autres remettent sur le tapis le problème épineux de l’abstention, c’est à dire celui de la valeur du vote blanc.
Et bien pour ma part, je me félicite de ces résultats qui, bien qu’arrivés un peu tôt sur le calendrier présidentiel, ont le mérite de conforter, une fois de plus, la sagesse populaire. En effet, il est bon de voir que le peuple n’attend pas les présidentielles pour exprimer son mécontentement. Tous ceux qui, comme moi, faisaient le procès des sondages sont remis à leur place, et c’est bien fait pour nous ! Bien entendu cela ne remet pas en cause les critiques (fondées) sur le sujet, mais bien plutôt la valeur qu’on leur accorde : qu’ils soient le miroir des opinions ou qu’ils la forment, le résultat est là : eux ne s’étaient pas trompés !
Quand je dis que je me félicite de ces résultats, vous aurez compris j’espère, que l’ironie n’est pas loin du désespoir… Mais comme toujours « à quelque chose malheur est bon », et il me fallait bien trouver une raison suffisante pour ne pas porter ombrage à ma bonne humeur légendaire! Alors voilà : bien que savamment orchestrée, cette montée du FN ne devait pas intervenir sitôt dans le calendrier, et on ne l’attendait pas aux cantonales. Mais « les urnes ont parlé », et les protagonistes de la montée du Front National doivent donc se découvrir un peu avant l’heure… Ce qui nous laisse le temps de compter les moutons, et surtout de nous préparer à faire « front »… lors des présidentielles.
Car c’est à partir de maintenant que les masques tombent, et la configuration inédite qui s’est réalisée lors du premier tour de ces cantonales ne laisse plus le choix à l’UMP, qui a semble-t-il commis une erreur stratégique majeure, celle de son positionnement « concret » vis à vis du Front National, arrivé dans les débats un peu trop tôt pour l’effet souhaité.
Alors que la gauche a rapidement pris son parti, le parti présidentiel s’est à cette occasion largement fourvoyé, en préconisant pour certains le « ni FN, ni PS », pour d’autres le vote blanc ou l’abstention, et pour d’autres encore le « front républicain ». Le débat fait donc rage au sein de la majorité, et il n’y a qu’à regarder qui fait quoi pour obtenir une idée assez précise des véritables orientations de chacun.
Il ne faut pas se leurrer, la politique menée par la majorité actuelle, clairement positionnée à droite, se trouve contrainte pour continuer d’exister d’aller toujours plus à droite, jusqu’à adopter certaines postures qui la rapprochent du FN, avec lequel elle sera sans doute forcée de composer une fois la présidentielle engagée. On peut toujours estimer les deux partis comme indépendants l’un de l’autre, mais les thèmes de campagne choisis par le gouvernement pour éviter la débâcle seront inévitablement débordés sur leur droite, à laquelle ils devront s’allier pour espérer gagner.
Mais à l’UMP, tous ne semblent pas se rassembler autour de cette possibilité, et l’équipe resserrée du président devra sans doute aussi faire les comptes : tous ne le suivront pas dans la radicalisation qui se prépare.
Enfin ! Le plus réjouissant dans tout ça, c’est sans doute la valeur du débat politique actuel, qui montre au grand jour à quel point nos hommes politiques se préoccupent du sort du peuple. D’un point de vue idéologique, la droite comme la gauche fuient désormais la bataille, et préfèrent la stratégie aux idées. C’est qu’il devient de plus en plus délicat de parler de politique sans qu’il soit possible de faire le rapprochement entre les idées du PS et celles de l’UMP d’une part, et celui entre les idées de l’UMP et de celles du FN de l’autre… d’autant qu’ils n’ont d’autre choix, car leurs explications, à l’aune des évènements actuels, ne tiennent plus que par un fil de plus en plus ténu : celui de notre prétendue naïveté.
« On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré », disait Einstein.
Et bien changeons, et agissons, car les solutions existent : elles passent par la création d’une Assemblée Constituante
Caleb Irri
23 mars 2011
Assemblée Constituante, crise, la démocratie, politique? mensonges, révolution?, sarko