La nouvelle ne fait désormais plus aucun doute : la crise n’est pas terminée, et loin s’en faut. comme on le constate avec le cas de l’Irlande, les ennuis des pays riches vont s’approfondir, jusqu’à ce que leurs dirigeants répondent à l’alternative établie par monsieur Leclerc : choisir entre l’insolvabilité de l’Etat, ou celle des banques. Mais comment choisir, c’est bien là tout le problème, que refuse de voir cet excellent analyste : que l’un ou l’autre plonge revient au même, car l’Etat c’est la banque, et réciproquement.
En effet, la banque centrale européenne sera bien, à un moment ou à un autre, victime de la maladie évoquée par son papier : une crise du crédit frappant l’Europe, car pas crédible pour un euro. Les pays les plus forts vont devoir payer pour les plus faibles, et c’est bien éviter cela qu’a été tenté le coup d’Etat que j’évoquais l’autre jour. Car en réalité les choses vont se passer ainsi : l’Irlande sera aidée, ses banques renflouées ou nationalisées, son peuple mis à la diète. L’Euro, et donc l’Europe, va en supporter les conséquences élargies, ce qui prélude à de grandes manoeuvres diplomatiques pour dans un premier temps menacer de faire sortir les mauvais payeurs (les plus faibles économiquement). L’Europe ne peut pas se permettre de plonger, et fera tout pour s’en tirer. Je ne sais pas encore de quelle manière, mais il est certain que dans un deuxième temps, et pour faire cesser l’hémorragie, l’objectif soit de faire accepter de la part des plus risqués leur mise sous tutelle des plus forts, c’est à dire Allemagne-France-Angleterre, et peut-être Italie. Avec pour corollaire tout un tas de mesures anti-sociales.
Pendant que les grandes manoeuvres se préparent, on pourrait légitimement se demander ce qui pousse nos prétendants au trône de France à vouloir se précipiter dans une bataille qui semble perdue d’avance : quel intérêt « politique » peut-il y avoir à se jeter dans une bataille pour un pouvoir qui n’héritera en 2012 que d’un champ de ruines sociales et économiques ? nos candidats potentiels se croient-ils réellement meilleurs que les autres, ou espèrent-ils seulement se faire une place à l’ombre des avantages que procure la situation ?
Quand on y réfléchit, le futur président des Français ne se prépare ni plus ni moins qu’à aller au « casse-pipe ». Comment peuvent-ils être si nombreux à vouloir le poste ?
Et pourtant, depuis le remaniement c’est bien du chacun pour soi! Comme si la place était enviable, c’est jusque dans la majorité présidentielle que les coups bas se trament. Il n’y a qu’à voir comment l’équipe du président s’est resserrée, pour ne garder que le noyau dur de ses partisans. Tout le monde y va de sa petite phrase, de son petit sourire, de sa petite réunion. Le parti socialiste envisage d’avancer les primaires, Strauss-khan et Sarkozy déjeunent ensemble, le Centre se rebiffe, les Verts font alliance, Fillon et Villepin attaquent… N’y voyez-vous pas quelque chose qui cloche ?
Mais les choses devraient bien finir par se décanter un peu, car le temps fait son oeuvre. Les différentes affaires, qui mènent toutes au même personnage, arrivent à point pour accélérer le processus. En attaquant le président, les masques vont tomber, ce qui dévoilera un peu mieux le jeu de chacun. Face à la réalité et ses rebondissements, les liens qui unissent les pouvoirs politique et financier vont apparaître, ce qui provoquera des réactions populaires sans doute impulsives : s’apercevant que leurs gouvernants les conduisent dans une impasse, il se peut que le maintien de l’ordre devienne une priorité du futur gouvernement. Pris en tenailles entre la situation économique extérieure et la situation sociale intérieure, il se peut très bien que l’Europe ne devienne qu’une sorte d’Etat Fédéral sous tutelle de quelques uns… bien obligés d’en arriver là : la banque c’est l’Etat, l’Etat c’est la banque !
Et celui qui contrôlera ce gouvernement sera inévitablement, aux vues des évènements qui se profilent, un homme important pour le futur. Le pari est risqué, mais pas si bête… Ceci-pouvant expliquer cela…
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
20 novembre 2010
crise, double coup, politique?, relations internationales, sarko