Internet n’est pas une simple évolution technologique : c’est une révolution. En terme de médias, internet représente à grande échelle ce que représentaient il y a quelques décennies l’arrivée de la radio, c’est à dire la possibilité pour tout un chacun, ou presque, d’exprimer ses opinions sur un canal capable de toucher un vaste public.
On le voit aujourd’hui, l’essentiel de la contestation a déserté les télés, les radios, et même la plupart des journaux écrits, pour se retrouver rassemblée dans une vaste communauté sur internet, le « web », ou « la toile ». Et pour cause, internet est en effet le seul moyen de communication libre et totalement indépendant, car il permet à tous de s’exprimer… partout et instantanément, de manière anonyme et en relative impunité, et tout cela à peu de frais.
Bien sûr, ce canal fait peur aux dictatures actuelles ou en devenir, car après avoir réussi à museler toutes les autres formes de contestation traditionnelles au moyen de la dépendance financière, elles se trouvent en face d’un réseau mondial sans frontière capable de transmettre écrits, images et sons à l’autre bout de la planète en une seconde, et dans toutes les langues de Babel. Les secrets d’Etat, les rumeurs, les mensonges, les scandales et les erreurs de nos chers dirigeants sont désormais susceptibles de se retrouver rapidement connus de tous, sans contrôle, sans moyen de les stopper ou presque.
On le voit bien aujourd’hui, les « buzzs » font l’actualité, et il n’est pas rare de trouver les dernières nouvelles sur internet avant de les voir figurer en une de tous les journaux, ce qui peut s’avérer plus qu’embarrassant pour les élites qui nous dirigent. Et à l’heure du repli sur soi qui suit chaque crise économique de grande ampleur, à l’heure où les tensions sociales font craindre des débordements, où la voix des plus faibles veut se faire entendre, où la contestation se fait plus vive et plus unie, les gouvernants cherchent désormais par tous les moyens à faire cesser toute possibilité d’élargir les rassemblements, d’endiguer la vague contestataire, d’empêcher l’organisation de celle-ci.
Le formidable outil de propagande « internet » est en réalité une arme à double-tranchant, qui peut aisément se retourner contre ceux qui l’ont pourtant créée pour les mêmes raisons qui les effraient aujourd’hui. A l’origine parfait moyen de propagande, internet devient peut à peu l’instrument de la contestation, et c’est bien la raison pour laquelle on veut lui trouver un « modèle économique », c’est à dire le moyen de le rendre dépendant du pouvoir financier, c’est à dire également du pouvoir politique.
Des projets comme l’ACTA, Hadopi ou Loppsi, sous prétexte de satisfaire à des exigences de sécurité et de rentabilité, sont en réalité le seul moyen que nos gouvernants ont trouvé pour contrôler cette arme dangereuse, afin qu’elle ne puisse pas se retourner contre eux. Sachant qu’ils ne pourront pas indéfiniment garder le silence sur certaines informations en les censurant sur les médias traditionnels, ils redoutent que tous les contestataires de tous les pays s’unissent sur internet : envisagez la puissance de cette force en liberté… le fameux “prolétaires de tous les pays, unissez-vous”, cela semble presque ridicule à côté d’un “internautes de tous les pays, unissez-vous”.
En ces temps de crise économique et sociale, on s’aperçoit en effet à quel point tous les mouvements contestataires sont ceux qui gravitent sur internet, et dont la puissance est considérable, si toutefois ils réussissaient à s’unir. De plus, la puissance de sa portée, ainsi que sa liberté d’action, sa rapidité, sa quasi gratuité, son universalité sont peut-être la clef qui permettrait à tous de libérer les consciences du joug auquel ils sont assujettis.
Tous ceux qui veulent « changer le monde » ont bien compris que le meilleur moyen de diffuser leurs idées est internet, et ils ne s’en privent pas. Internet est la possible réalisation d’une sorte de vaste « méthode Descartes » (tout désapprendre pour tout réapprendre) capable de confronter le monde au défis qui l’attend, en même temps que de l’éclairer sur le conditionnement dont il est victime depuis tant de siècles. Mais pour combien de temps encore ?
Il nous faut absolument protéger l’indépendance (et donc la gratuité) de ce qui est sans doute le dernier rempart pour conserver notre liberté de penser, et de résister. Et peut-être même le ferment d’une transformation beaucoup plus importante…
Même si la tâche semble presque impossible à réaliser, il faut se rendre compte que ceux qui ont réussi à créer le monde que nous subissons aujourd’hui ont commencé à poser les premières pierres de leur édifice il n’y a pas si longtemps. Et surtout qu’avec les moyens de diffusion dont nous disposons actuellement, le chemin peut être beaucoup plus rapide à parcourir.
Il nous faut absolument nous rassembler dès aujourd’hui, pour dans un premier temps protéger cet outil formidable, et créer dans un second temps le nouveau système dont nous voulons tous. Pour que, le jour où il sera prêt, il puisse être proposé à tous en même temps, et partout. Il faut dès à présent réfléchir aux moyens de contourner la censure qui guette internet, et refuser de mettre les doigts dans l’engrenage de la dépendance financière que nous propose nos gouvernants. Ceux-là mêmes qui se font financer l’information (que ce soit par le public ou par le privé) ont déjà perdu, que les autres ne croient pas à l’illusion de cette liberté. Pour que l’information soit libre, il faut qu’elle continue à être gratuite, ou au moins mutuelle.
ne laissons pas tomber avant d’avoir commencé, car nos enfants ont besoin de nous…
Caleb Irri
Http://www.calebirri.unblog.fr
31 mars 2010 à 21:40
La télé, la radio ou la presse ont encore bien plus de puissance et d’influence qu’Internet et les réseaux.
Sur Twitter un bon dixième des conversations est en relation directe avec une émission de télé une interview radio ou un article publié dans la presse traditionnelle. « Chapeau au Dr Dupagne pour sa prise de position ce soir sur Fr3″, il y a quelques secondes sur Twitter, ou encore au même instant « Arsenal-Barca ».
Les Régionales ont démontré bien assez clairement le peu de poids d’Internet.
Les résultats sont exactement conformes au message qui a été transmis par les médias dominants.
La présence massive des politiques et des partis sur les réseaux, présence assimilable à une occupation de terrain, ne doit pas masquer cette réalité.
Notre pratique sur Internet reste celle de la consommation passive d’éléments d’information épars que nous redistribuons sans réel engagement et sans trop de discernement.
L’enjeu tient essentiellement dans notre capacité à collecter des données brutes en temps réel et à les distribuer en l’état.
Je ne prendrai qu’un exemple: Europe écologie se propose de faire beaucoup de choses pour 2012 sauf ce qui m’intéresse moi, les problèmes d’écologie aujourd’hui mercredi 31 mars 2010 à La Désirade, Guadeloupe. Que peut le web pour préserver les zones humides dans mon île avant qu’il ne soit trop tard ?
Collecter les données à la base, à l’échelle la plus petite des territoires, formerait le socle sur lequel toute personne pourrait s’appuyer concrètement au quotidien pour rompre son isolement et battre en brèche l’opinion dominante des mass médias.
8 avril 2010 à 23:10
Je crains que comme en Chine, on coupe les réseaux en cas de trop grand danger.. .mais c’est vrai que c’est aussi un très grand espoir que tout se passe beaucoup plus vite qu’avant pour les changements de systèmes également…
Cela dit il faut pour cela déjà des réseaux constitués… et cela prend du temps malgré tout…
Mais j’ai tendance à penser comme vous…
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