Un article de Monsieur Villach a donné lieu il y a peu à un débat un peu musclé, mais peut-être nécessaire, sur le fonctionnement d’agoravox.
Je voudrais dans cet article faire un parallèle avec la démocratie, et montrer combien elle est difficile à mettre en place, surtout lorsque l’on constate l’incompréhension à laquelle est elle confrontée.
Agoravox fonctionne, en théorie (car je ne fais que supposer), de la manière suivante : les rédacteurs ayant publié au moins 4 articles ont accès à la modération, ce qui signifie qu’ils sont en mesure de donner leur avis sur la publication des articles en attente à la modération. Certains imaginent encore naïvement que seule la modération est prise en compte pour la publication, sans tenir compte de la difficulté qu’il y aurait à laisser un tel système (hautement démocratique il est vrai) fonctionner. Car la « véritable démocratie » exige d’avancer, et nous sommes tous à même de constater que si une telle liberté nous était laissée, il n’y aurait presque personne pour jouer le jeu.
Cependant, il est clairement établi dans la politique éditoriale que les modérateurs ne sont pas les seuls à décider de la publication d’un article : Il y a donc bien les modérateurs, mais aussi un « comité de rédaction » qui doit prendre une décision. Sur la quarantaine d’articles publiés chaque jour, imaginez l’enfer pour mettre tout ça en page avec une modération véritablement démocratique.
Imaginons un instant que seuls les modérateurs aient seuls voix au chapitre :
Tout d’abord, compte tenu du nombre d’articles déposés par jours (plus de 300), il faudrait que les modérateurs (plus de 1500) aient la capacité de lire chaque article avant de se faire une idée juste de son vote (selon une démocratie « éclairée ») .
Ensuite, les différents points de vue (ou camps) opposés se tireraient rapidement dans les pattes les uns les autres : lorsque l’on voit les inimitiés qui existent entre certains rédacteurs, il est facile d’imaginer que, comme dans le cadre d’une véritable démocratie, on se retrouverait soit avec une absence de décision due aux votes contradictoires des uns et des autres, soit à la « prise du pouvoir » éditorial d’une sorte de « majorité » imposant son hégémonie sur les groupes minoritaires, soit l’adoption d’articles sur le simple fait qu’ils soient de tel ou tel rédacteur appartenant à tel ou tel autre groupe, par « vote automatique ».
De plus, il faudrait pour être véritablement représentatifs un nombre assez élevé de votes pour valider les articles de manière plus juste, ce qui laisserait en attente des articles d’actualité si longtemps qu’ils cesseraient de l’être (d’actualité)
Il ne faut donc pas être naïf, et accepter le fait que le comité de rédaction est nécessaire au bon fonctionnement du site, et cela malgré nous. cela pose bien, à mon avis, le véritable problème de la démocratie.
Ensuite, il y a aussi le problème du positionnement sur la page. Je ne sais que trop bien que les articles mis en avant en premier sont les plus lus, mais on voit également des articles monter de tout en bas vers tout en haut en peu de temps : le titre et l’auteur y étant sans doute pour beaucoup. Mais comment faire autrement ? j’imagine que chaque rédacteur aimerait voir son article publié en haut de la page, et cela est évidemment impossible. On pourrait imaginer un changement permanent, mais la lisibilité du site serait certainement chaotique.
J imagine bien sûr que le nom et l’habitude de l’auteur doit bien entrer en ligne de compte sur le placement et la publication des articles, car on connait plus ou moins les opinions et la manière d’écrire d’un auteur à force de le lire (cela est vrai pour les modérateurs comme pour le comité de rédaction). Mais cela n’empêche pas que le comité de rédaction peut censurer certains articles, mal écrits ou ne correspondant pas à une certaine ligne éditoriale (ce qui m’est arrivé il y a peu).
Malgré tout, on doit tous pouvoir admettre que cette ligne éditoriale est tout de même assez permissive compte tenu de ce qu’on peut y lire, et le nombre de « batailles » de commentaires qui font rage à propos de certains articles est là pour le prouver : bon nombre d’auteurs ne font pas consensus.
C’est comme pour les commentaires : certains crient à la censure et au complot, mais il faut avouer qu’avec des mots choisis (et même parfois mal choisis), on peut tout de même exprimer son mécontentement ou sa colère sans trop de peine. Il est vrai que pour ma part le « plussage » et le « moinssage » m’amusaient assez, et que les commentaires repliés aiguisaient ma curiosité. mais on ne peut pas tout avoir, c’est cela aussi la démocratie. Il faut savoir faire des sacrifices.
En fin de compte, s’il est vrai que dans le principe la modération comme seul comité de rédaction est des plus démocratique, en réalité j’avoue que je n’aurais ni le temps ni l’envie d’avoir cette responsabilité quotidienne entre les mains. Et même si je suis parfois déçu de ne retrouver mes articles ni dans le « best-of » ni en première page, je suis pleinement satisfait de voir mes articles publiés sur ce site, qui permet parfois de bonnes réflexions, et aussi de se faire remettre à sa place ; et surtout de me prouver que la liberté d’expression n’est pas morte, même si la démocratie n’est pas parfaite. Et puis qui sait, avec cet article, je finirais peut-être en première page… chiche !
Caleb Irri
15 janvier 2010
démocratie sur agoravox, medias