Il y a quelques jours était diffusée une émission sur les caisses automatiques, destinées à terme à remplacer les caissières de supermarché. Deux camps s’affrontaient alors, l’un pour prétendre que cette évolution allait permettre une satisfaction plus grande du client (rapidité), et l’autre que ce système automatisé allait mettre à la porte un grand nombre de travailleurs déjà mis à rude épreuve (au nom de la rentabilité). Je ne reviendrais pas sur les prétextes fallacieux destinés à défendre l’emploi de ses malheureuses (le sourire des caissières, la relation humaine qui disparaîtra), mais plutôt sur la rentabilité que permettra ce remplacement de l’homme par la machine… encore qu’on peut se demander, comme l’a fait l’animatrice, si le fait de faire soi-même le travail de la caissière (transformée dans le meilleur des cas en agent de sécurité au contrôle de la caisse automatique) vaut vraiment le coup de se séparer de ces esclaves modernes.
Réfléchissons bien à ce problème, qui symbolise parfaitement une des contradictions majeures du capitalisme : la rentabilité fera toujours préférer la machine à l’homme dans toutes les tâches difficiles et répétitives. Mais les emplois sont menacés par ces machines, qui leurs enlèvent peu à peu leur gagne-pain. Pourtant, ces travaux sont difficiles, souvent rébarbatifs et épuisants, autant physiquement que moralement. Si dans un monde en progrès nous devrions nous satisfaire du remplacement de ces pénibles travaux par les machines, la plupart des gens « de gauche » se voient dans l’obligation de défendre l’asservissement de ces personnels, au nom de leur pouvoir d’achat.
Ce serait à se tordre de rire si la situation n’était pas réellement ubuesque. Car ceux-là mêmes qui défendent la dignité humaine, qui critiquent la pénibilité des conditions de travail, sont en même temps ceux qui se voient contraints de protéger ces mêmes emplois qui nuisent à la santé et la dignité des personnes. Et ceux qui ne jugent que par la rentabilité se disent en mesure de faire cesser une exploitation physique et mentale dont ils ne font pourtant pour la plupart aucun cas.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
En théorie nous devrions tous nous réjouir de la suppression de tous les travaux pénibles et rébarbatifs. En théorie cette suppression devrait permettre soit plus de loisirs, soit la création d’emplois plus attrayants. Mais en pratique cette suppression engendre chômage et précarité, désocialisation et tout ce qui s’en suit… le tout en terme de « coût économique » à supporter pour la collectivité.
On s’aperçoit en définitive qu’une fois de plus, le secteur privé (la grande distribution) va réussir à faire travailler gratuitement les consommateurs, tout en augmentant ses marges (car il ne faut pas croire que les prix baisseront) et en faisant de grandes économies sur le facteur travail. De l’autre côté, l’Etat ne sera bien sûr pas en mesure de proposer autre chose à tous ces nouveaux exclus, qui bénéficieront d’une aide sociale payée par la collectivité, et à qui on reprochera sans doute ensuite de coûter cher.
Ce phénomène n’est bien sûr pas nouveau, et de nombreux emplois tels que les pompistes ou autres poinçonneurs ont disparu du fait même de l’automatisation. l’informatisation va elle aussi à terme mettre un bon nombre d’employés à la porte, comme elle a conduit de nombreux agriculteurs à déserter les campagnes.
Que faire alors ? leur faire creuser des trous pour les reboucher ensuite, afin de pouvoir justifier leur salaire, ou considérer que le système arrive à un terme où le progrès technique devrait être en mesure de nous libérer d’une contrainte dont tant de nos anciens auraient rêvé : le travail.
Mais le capitalisme ne fonctionne pas comme ça : là où le bon sens ferait qu’en travaillant tous un peu moins nous pourrions faire travailler tout le monde, ici on préfère parfois se passer d’une technologie utile pour ne pas avoir à créer du chômage, facteur de trouble social (encore que le trouble social soit parfois utile au capitalisme du point de vue répressif, ce qui permet de faire travailler également police et justice).
On le voit bien, c’est donc un problème de vision globale de la société que le problème des caisses automatiques met en exergue, et de la définition de ce qu’on nomme « la valeur travail ».
Si pour certains, le travail consiste en la pratique d’une activité intéressante et bien rémunérée, il est pour la plupart une contrainte dont ils voudraient bien se passer ; sans compter le salaire qui ne suffit parfois même pas à faire oublier les heures de labeur.
En dehors des quelques privilégiés qui, pour moi, ne travaillent pas (au sens étymologique du terme, c’est une souffrance), mais réalisent leur passion, l’Etat se devrait d’être le pourvoyeur de tous les travailleurs, en leur offrant soit le moyen de se reconvertir dans une activité plus attrayante ou utile socialement (éducation, santé, services publics dont nous avons tant besoin), et faire en sorte que son objectif soit de libérer, à terme, le maximum de personnes des contraintes afférentes à des travaux pénibles. En poussant même un peu plus loin, il serait presque plus logique d’accorder un meilleur salaire à celui qui fait ce genre de travail qu’à celui qui se plaît dans son activité. D’une part on gagnerait en candidats à ce genre de postes, et d’une autre on comblerait ainsi le manque de mains d’oeuvre dans certains métiers difficiles pour lesquels aucune machine ne pourra venir les remplacer.
Ensuite, il serait également possible d’envisager la création d’autres métiers fort intéressants, métiers d’innovation et de recherche qui auraient pour but de remplacer peu à peu tous les travaux inintéressants et nuisibles à notre santé physique et mentale.
Au lieu de se demander s’il coûtera plus cher de supprimer les caissières que de les laisser en poste, nous ferions mieux de nous interroger sur la manière de faire cesser l’exploitation de l’homme pour la recherche du profit, car en supprimant le « travail » nous supprimerions une injustice, et réglerions un paradoxe.
Caleb Irri
16 janvier 2010 à 8:59
Article passionnant.
19 janvier 2010 à 22:00
Bonjour, pourquoi l’article suivant a t il été supprimé ?
20 janvier 2010 à 0:34
@ Steph
bonjour, j’ai hésité un bon moment avant de publier cet article, et j’ai aussi hésité à l’enlever.
pour tout vous dire, l’idée de cet article m’est venue un peu par hasard, quand j’ai appris la préparation de l’ »expédition humanitaire » des Etats-Unis en Haïti. comme je le fais à chaque fois qu’une information m’interroge, je recherche toujours « à qui profite le crime? » et soudain m’est revenu le fameux projet HAARP (il faut dire aussi que je lisais auparavant un article sur le Venezuela). m’y prenant un peu à la manière d’un autre article (voir http://calebirri.unblog.fr/2009/01/23/la-crise-les-societes-secretes-et-le-nouvel-ordre-mondial/), à moitié par jeu, et toujours me prenant à ce jeu, je me suis mis à rechercher des sortes de lien sur internet. comme je l’écris dans l’article, ma recherche était rapide-mais pas seulement- elle étai aussi orientée. et même si je crois réellement aux capacité de nuisance de ce projet HAARP, le lier par si peu d’éléments à Haïti et au Venezuela est un peu rapide.
j’ai donc hésité à le publier, car il n’était pour moi pas assez pragmatique, car de nombreux éléments (et de l’Histoire, et des ressources, et du climat) me sont inconnus. de plus, l’orientation me paraissait trop affirmative, étant donné que moi-même je suis assez sceptique quant à ma propre argumentation.
je l’ai quand même publié sur « lepost.fr » (voir http://www.lepost.fr/article/2010/01/17/1892414_tremblement-de-terre-et-complot-le-projet-haarp-en-haiti_1_0_1.html pour ceux qui veulent se faire une idée), et l’ai également proposé à un autre site. les réactions sur le premier site m’ont pour certaines apporté des éléments, pour d’autres ont quelque peu refroidi mes ardeurs ; sans compter les nombreuses questions sans réponse; tout ceci n’étant que suppositions…
HAARP, tout d’abord, est-il capable de créer un tremblement de terre? la zone étant par elle-même sismique, il semble assez naturel que ce genre d’évènements se produisent. de plus, un porte-avion nucléaire peut n’être qu’à propulsion nucléaire. ensuite, quelques scientifiques renommés et sérieux s’intéressent à ce sujet, et n’ont encore fait aucun commentaire (voir satellite Demeter). enfin, l’argument selon lequel il est possible de créer des secousses sismiques pose la question du choix d’Haïti… et bien d’autres choses encore.
ensuite, un internaute m’a fait la réflexion de l’inutilité d’un tel article, compte tenu du fait que, n’en sachant rien, je risquais de ne faire qu’embrouiller les pistes, et qu’à moins d’avoir une véritable preuve des faits que j’avance, il vaut mieux se taire. et pour cause, je vois aujourd’hui le lien de mon article sur certains sites qui ne font qu’entretenir des légendes qui, même si elles contiennent parfois des éléments vrais, sont noyées dans le flot des légendes de légendes. cela me fait penser qu’à l’époque où je me suis passionné à cette sorte de jeu de piste genre « le pendule de Foucault », j’avais été étonné du fait de la redondance des informations délivrées. il se pourrait même que, dans quelques années seulement, mon article se trouve contribuer à une sorte de « vérité » créée par la répétition.
alors que je ne fais, en définitive, que m’interroger.
je ne dis pas que ce que j’avance est impossible (on ne sait jamais de quoi sont capables certains fous), mais en l’état actuel de ma réflexion, je préfère retirer cet article de mon blog.
je ne l’ai pas, cependant, supprimé du site « lepost.fr », pour la raison qu’il serait difficile de le retirer sans susciter, sans doute, quelques réactions d’interrogation, voire de méfiance peut-être? je connais trop bien cette réaction qui fait que, si une vidéo est supprimée ou un texte inaccessible, on croit tout de suite que cela est censuré (même si le site n’est qu’en maintenance !)
voilà, je ne crois pas pouvoir être plus clair à ce sujet. je continue à rechercher pourtant, et j’ai même constaté que le nombre de séismes ces dix dernière années est très sensiblement supérieur au nombre de séismes se produisant avant l’an deux-mille (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_catastrophes_sismiques) : cela veut-il dire que la machine fonctionnait déjà, ou tout simplement que les détections, ou leur diffusion publique, ou leur référencement, se soit modifié depuis?
vous voyez, le sujet est délicat, et je n’ai pas assez d’arguments autres que ceux de l’esprit pour étayer ma thèse : elle peut se révéler dans les faits plus mauvaise que ne le souhaitait ma volonté première. la réalité étant sans soute beaucoup plus simple : à savoir que ce ne serait pas la première fois que les Etats-Unis profiteraient d’une catastrophe pour faire avancer leurs intérêts. que la cause soit bonne ou mauvaise, naturelle ou pas.
peut-être ajouterais-je ce message sur le site du « post » pour expliquer ma démarche ? qu’en pensez-vous?
cordialement.
Caleb Irri
20 janvier 2010 à 10:01
cher caleb, no answering mail? :)
quand on passe de l’autre côté du miroir, et qu’on commence à voir que la réalité des choses n’a pas grand chose à voir avec les vérités simplistes qu’on assène à la masse aveugle, on s’expose alors à deux dangers :
- celle de devenir fou car la colère et le dégout sont douloureux, et ce genre de démarche vous coupe forcément du grand nombre ;
- celle de ne plus trouver la limite entre le dépassement des mensonges et la perméabilité à tout ce qui remet en cause les versions officielles.
vous avez noté sur les forums ou les blogs le nombre de malades qui cotoient les esprits les plus rigoureux quand il s’agit d’évoquer par exemple des sujets « compliqués » comme Kerviel, 911, Ufo, Kennedy, ou autre?
20 janvier 2010 à 11:53
@ JM
bonjour!
non, je ne vous ai pas répondu… c’est parce que je suis assez d’accord avec vous, et que je ne sais trop que rajouter. pour le moment, je ne fais qu’y réfléchir…
pour le reste, je suis également d’accord avec votre analyse. tout cela est réellement prenant, et en même temps difficile à regarder sans tomber dans l’un ou dans l’autre des travers que vous décrivez plus haut. pour ma part, je reste enfermé dans mon scepticisme, un peu entre les deux…
à suivre!
Caleb Irri
19 février 2010 à 5:20
Hi Caleb,
je suis d’ accord entierement avec vous sur ce sujet de l’argent; il doit etre supprime.Et vite.A cause des crises qui s’ annoncent.
Comment commencer?
Je me permets de vous communiquer ce site, quoique je n
en suis pas adherent, il me semble interessant,( historiquement ) je suis aussi interesse depuis son debut par le mouvement Zeitgest ( quand aux propositions) mais aussi d’ autres mouvements ou pensees qui souhaitent une nouvelle economie, plus adaptee aux besoins des hommes.
Quoique nous n’ avons besoin que de cette idee; supprimer le capitalisme , car il est devenu non seulement inutile aujourdhui mais il entrave le progres scientifique et technique necessaire pour nous tirer d’ affaire…
http://66.196.80.202/babelfish/translate_url_content?.intl=uk&lp=en_fr&trurl=http%3a%2f%2fwww.cgocouncil.org%2fcwho.html
Il me semble qu’un des moyens de commencer de supprimer l’ argent est d’ en parler, d’ en parler comme vous le faites ; avec eloquence et partout .
En effet on a pas supprime ( ou reduit..) l’ escalavage ( ou son principe legal… ) en douceur..il y a eu des millions de morts,
et puis on a remplace son principe legal par un principe economique : le capitalisme, ( Mark Twain)
Si on commence a parler de reponse pratiques aux besoins elementaires humains et qu’on y oppose ce qui empeche de les resoudre , comme la crise du logement , on peut y opposer le droit fondamental a etre loge , dans son pays .
Ne pas garantir ce droit c’ est creer l’ esclavage.( ne pas avoir la certitude d’ etre chez soi cree des desordres mentaux graves et mortels, la torture du logement est pratique , comme sur les animeaux domestiques , pour paniquer l’homme et le conduire au travail force)
Tout ou presque des besoins humains peut suivre ce raisonnement, si on suit cette logique, on supprimera l’ argent petit a petit, peut-etre…mais on peut aussi commencer, soit par repandre fortement et efficacement ces idees , soit par etablir des transitions…georgists ou autre , peut-etre meme commencer une nouvelle economie sans argent quelque part ( une region tres riche ou tres pauvre ou les deux ensemble )…seulement de tenter ne peut qu’ emporter tout d’ abord un interet tres fort soit l’ adhesion de la majorite des humains, l’ autre question est : comment vont reagir les fondamentaux « economiques » , les priviligies?? il faudra le savoir par avance.
J’ ai une question pour vous aussi:
que pensez-vous de ces projets de construire de vastes cites/campagnes flottantes sur la surface des oceans, pour repondre en partie a la crise de la surpopulation ?
amitie
jean jacques
19 février 2010 à 23:34
@ Jean Jacques
merci pour votre message et vos encouragements. en effet l’argent est le nœud du problème , et le mouvement Zeitgest semble exprimer une vision idéaliste du monde futur. cependant, ni son fonctionnement ni sa mise en place ne sont réalisables à court terme ou à moyen terme ; d’autant que la voie sur laquelle semble s’engager le monde est bien différente de celle qu’il faudrait prendre pour en arriver là- rapport au pouvoir des « élites » qui veulent conserver, voire agrandir leurs privilèges…
mais effectivement il faudra bien poursuivre, et sans relâche, l’idée qu’un autre système est possible, et qu’en tous les cas celui-ci ne peut que nous conduire au pire.
pour le problème de la surpopulation, j’ai l’impression qu’en tenant compte non pas de la surface de la Terre, mais son volume, en comptant le ciel et la mer, ainsi que le sous-sol, on doit pouvoir faire vivre un nombre d’individus très supérieur aux prévisions couramment acceptées. je suis même sûr qu’avec seulement une meilleure organisation, nous pourrions faire déjà beaucoup mieux.
enfin si on se décide enfin à réfléchir autrement…