J’ai tout compris. J’ai compris ce qu’est l’homme, j’ai vu comment l’Histoire a toujours été truquée, et je sais même comment tout cela va finir. Le pire, c’est que je suis loin d’être le seul…car ce n’est pas très compliqué!
Cela devrait suffire à me satisfaire. Et après ? quel pouvoir ai-je pour m’opposer à ce qui va arriver ? j’ai le droit d’exprimer mes opinions, de m’engager en politique, de manifester, de faire la grève, de voter, mais rien ne changera pour autant. Mes opinions ne sont relayées que par ceux qui ont les mêmes, mon engagement politique signifie la soumission au système que je dénonce, les manifestations n’ont pas d’effet, la grève ne pénalise que moi, le vote n’a absolument aucun autre intérêt que de participer à l’illusion de la démocratie.
Qu’un ou plusieurs hommes se lèvent pour proposer un autre monde d’accord, mais quel monde ? les forces qui font tourner le monde actuel sont si puissantes qu’elles entraînent jusqu’à ceux qui pensent le contrôler. Il y a la droite, la gauche, le centre et les extrêmes, et puis quoi ? tous ne sont qu’un seul et même parti unique, qui vise à sauver sa peau sans remettre en question le système qui les oblige à la sauver. Les individus sont tous conscients que la planète est en danger, que la guerre et la misère sont notre responsabilité collective, mais personne n’est en mesure de faire cesser cela. Nombreux sont ceux qui pensent que le capitalisme engendre inévitablement cette misère et ces guerres, ainsi que la destruction de notre terre, mais personne n’est capable de cesser la participation à ce système. Sous peine de se voir, soi-même et individuellement, contraint à la misère ou à la violence. Or un homme qui a faim est incapable de se préoccuper de son prochain. Alors à choisir, bien sûr on préfère soi aux autres.
Quelle est la solution ?
Quand bien même une constitution fabuleuse serait trouvée, permettant à chacun de vivre librement et décemment, comment la mettre en place ? il lui faudrait être en mesure d’être communiquée à tous, et acceptée par tous. Il lui faudrait convaincre les peuples, et surtout leurs dirigeants. La gigantesque tâche que constituerait l’établissement d’un nouveau système remettant en cause jusqu’à l’Histoire toute entière ne pourrait être effectuée en une génération, alors en un mandat !….
De plus il faudrait de l’argent, des soutiens médiatiques, de l’éducation, du pouvoir, qui tous sont entre les mains de ceux qui ne veulent pas de ce changement. Ceux qui croient qu’il faut pour changer le monde s’inscrire dans le système actuel sont soit des lâches qui tentent avant tout d’en tirer un profit personnel, soit des inconscients présumant de leur force, face à un système qui les écrasera comme tous les autres avant lui.
Il y a bien la révolution, la violence, le secret… mais comment imaginer qu’un système fondé sur ces valeurs puisse aboutir sur un monde sain et juste ? la dictature du prolétariat tient son échec dans son énoncé. Une dictature pour un monde libre, la belle affaire !
Ce que j’écris en ce moment aura autant d’effet que de ne pas l’écrire, car si même il était lu par la planète toute entière, si même nombreux étaient ceux ressentant la communauté d’esprit qui nous lient, rien ne ressortirait de notre apitoiement collectif.
Souvent je souhaite que quelques uns, quelque part, travaillent à la création de ce nouveau système permettant d’échapper aux maux qui nous submergent tous. Aux maux qui nous submergent, et qui en noient tant d’autres par notre collective faute. Mais il y en a, il suffit de les chercher. Après on adhère ou pas, certains s’investissent plus ou moins, et puis le temps passe. Rien ne change. Des théories il y en a un paquet, et il pourrait sembler étrange que seules quelques unes aient été retenues par l’Histoire. Mais le temps, facteur primordial de toute vie, efface toujours tout. Les guerres, les morts, les épidémies, la misère, la haine, tout cela finit toujours par passer, et puis revenir, et puis passer encore, comme le flux et le reflux des océans, qui ne s’arrêteront qu’avec la fin de la vie, c’est à dire la fin du temps.
Quand je me prends à rêver, j’imagine un monde sans guerre et sans misère, où tous les être humains seraient frères et où la vie s’écoulerait sans ces grandes vagues incessantes… mais quel ennui ! regarder un lac ou la mer, je préfère moi aussi le bruit des vagues, les tempêtes et les cieux nuageux. Les nuages multiplient les couleurs, le vent ressentir le froid et les odeurs, et la mer qui monte détruit les châteaux des enfants. C’est ça la vie.La guerre pour espérer la paix, la faim pour apprécier la pitance, la haine pour goûter l’amour, voilà ce que l’homme désire.
Il n’y a pas de bonheur sans son contraire, car l’homme pour le trouver semble être contraint à le relativiser. Au risque de détruire sa capacité à exister en tant qu’être humain (la planète qui le nourrit), à la recherche d’un bonheur qu’il ne peut concevoir sans le malheur des autres, il semble malheureusement que le capitalisme soit le seul système capable de lui satisfaire.
Monde de merde !
caleb irri
Oops ! Une erreur est survenue.
L'accès au blog est momentanément impossible,
veuillez nous excuser et ré-essayer dans quelques instants.
Retour ou Écrivez-nous si le problème persiste.